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bernard lugan - Page 4

  • Colonisation : mettre enfin la gauche face à ses responsabilités...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bernard Lugan cueilli sur son blog et consacré à la politique coloniale de la France portée à la fin du XIXe siècle par la gauche républicaine.

    Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont Histoire de l'Afrique (Ellipses, 2009), Atlas historique de l'Afrique (Rocher, 2018), Esclavage, l'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2020), Pour répondre aux « décoloniaux », aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance (L'Afrique réelle, 2021) et dernièrement Comment la France est devenue la colonie de ses colonie (L'Afrique réelle, 2022).

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    Colonisation : mettre enfin la gauche face à ses responsabilités

    Au moment où, en Algérie, Emmanuel Macron « godille » entre repentance et honneur national, il est plus que jamais nécessaire de lui rappeler que c’est sa famille politique qui a lancé la France dans la désastreuse politique coloniale dont nous subissons aujourd’hui les mortelles conséquences.

    Dans les années 1880-1890, alors que la droite monarchiste et nationaliste y était farouchement opposée, ce fut en effet la gauche, à l’exception de Clémenceau, qui, par pure idéologie, précipita la France dans l’aventure coloniale. Œuvre « émancipatrice », la colonisation rêvée par la gauche républicaine était destinée à faire connaître au monde l’universalisme « libérateur » dont elle était porteuse.

    La dimension économique ne fut alors qu’un alibi destiné à rallier à cette politique la « droite » orléaniste. En effet, à l’époque, l’on ignorait que l’Afrique, encore quasiment inexplorée, eut pu receler des richesses et encore moins constituer un marché. Quand Jules Ferry parlait du futur Empire comme d’une « bonne affaire », ce n’était donc qu’un postulat doublé d’un souhait.

    D’ailleurs, au moment où la gauche la lança dans la course impériale, la France n’avait pas besoin de colonies. Qu’auraient-elles d’ailleurs pu lui fournir ces dernières ? 
    - Des esclaves ? Mais l’Abolition avait été décidée.
    - Du sucre ? Mais la France avait remplacé la canne à sucre par la betterave sucrière.
    - Des épices ? Mais ils abondaient sur le marché mondial, et les acheter aux Hollandais revenait  moins cher qu’envisager de les produire dans des colonies à conquérir, à pacifier, à administrer, à organiser, à mettre en valeur, à peupler, à équiper, à défendre, et dans lesquelles il allait falloir soigner, éduquer et nourrir les populations.
    - Des matières premières ? Mais on ignorait leur existence.
    - Un débouché pour l’industrie française ? Mais les débouchés européens lui étant largement suffisants. De plus, à l’époque, le marché africain n’existait pas.
     - Un déversoir pour sa population ? Mais la France n’était pas un  pays d’émigration et, en raison de sa démographie stagnante, elle n’avait pas besoin de se créer des colonies de peuplement.
      
    Certes, diront ceux dont le fonds de commerce est la stigmatisation de la France, mais ensuite, plus tard, une fois l’Empire constitué, la France y trouva son compte.
    Or, il s’agit là d’un postulat idéologique qui ne correspond pas à la réalité. Quelques chiffres permettent en effet de le démontrer. Ainsi :
    - Pour la période 1900-1958, les seuls investissements publics faits dans l’Empire totalisèrent en moyenne le chiffre effarant de 22% du total de toutes les dépenses françaises sur fonds publics. Une telle ponction faite sur le capital investissement national interdisait toute modernisation, toute mutation  de l’économie française au moment où ses principaux concurrents prenaient sur elle une avance déterminante. Loin d’enrichir la France, l’Empire africain la « plombait » tout au contraire et menaçait de conduire le pays à l’asphyxie.
    - Au début des années 1950, alors que, sortant  du second conflit mondial, elle avait tout à reconstruire, la totalité des dépenses faites par la France dans ses colonies (guerre d’Indochine comprise) représentait un cinquième du budget national. Un gouffre suicidaire…
    - Comme, en raison de leur coût, les productions coloniales françaises n’étaient pas concurrentielles sur le marché international, après avoir dépensé des sommes colossales pour les créer, il fallut que la France les soutienne. Pour la seule décennie 1950, cela coûta en moyenne 60 milliards par an aux contribuables français, après que l’Etat eut dépensé des fortunes pour construire les routes, les ports et les voies de chemin de fer destinés à leur exportation.
    - A l'exception des phosphates du Maroc, l’Empire ne fournissait rien de rare à la France. C'est ainsi qu'en 1958, 22% de toutes les importations coloniales françaises étaient constituées par le vin algérien payé 35 francs le litre alors qu'à qualité égale le vin espagnol ou portugais valait 19 francs.
     
    Aujourd’hui, les culpabilisateurs soutiennent que :

    1) La France s’enrichit « sur le dos » de l’Afrique.

    2) Grâce à la « vache à lait » qu’est la zone CFA, elle est en situation de monopole et dispose d’un marché réservé.
     
    Laissons donc une fois de plus parler les faits et les chiffres :

    1) En 2019, avant le covid, le total mondial des exportations françaises était de 460 milliards d’euros. Sur ce chiffre, l’Afrique sud saharienne totalisa 12,2 milliards d’euros de biens et marchandises, soit à peine 2,68% de toutes les exportations françaises. Pour ce qui est des importations, pétrole et matières premières comprises, les chiffres sont quasiment identiques.

    2) Toujours en 2019, sur les 12,2 milliards d’euros représentant le total des exportations françaises, la zone CFA en totalisa à peine 6 milliards, soit le chiffre anecdotique de 1,32% de toutes les exportations françaises. Pour ce qui est des importations, les chiffres sont là encore quasiment identiques. De plus, toujours en 2019, la part de la France dans le marché de la zone CFA n’était  que de 11,4%, ce qui revient à dire que près de 89% du commerce de la zone CFA était fait avec d’autres pays qu’elle. La zone CFA n’était donc ni une « bonne affaire », ni un marché réservé pour la France.
     
    En résumé :

    1) Ce fut par idéologie que, dans les années 1880-1890, la gauche  lança l’entreprise coloniale dont la France sortit épuisée, ruinée, divisée et aujourd’hui humainement submergée.

    2) Après 1945, encore par idéologie, cette même gauche coloniale se rallia à un nouveau credo universaliste, l’anticolonialisme.

    3) Puis, toujours par idéologie, à partir de la décennie 1960, au nom de l’antiracisme, la gauche ne cessa plus de soutenir l’immigration en provenance de l’ancien empire, oubliant qu’elle en avait été la génitrice... Ses intellectuels sapèrent alors méthodiquement, les-uns après les autres, les principes sur lesquels reposaient jusque-là la cohésion et la cohérence de la société française. Quant à la « droite »,  en raison de son incommensurable indigence doctrinale, elle laissa faire… de peur de passer pour « raciste ».

    La gauche par idéologie, la « droite » par lâcheté, ont donc pavé la route des « décoloniaux », des « woke » et autres révolutionnaires qui constituent la 5° colonne de cette mortelle entreprise de « grand remplacement » que nous subissons aujourd’hui. Et voilà donc comment et pourquoi la France est, comme le craignait Edouard Herriot en 1946, devenue «  la colonie de ses colonies »…

    Bernard Lugan (Blog de Bernard Lugan, 26 août 2022)

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  • Ethno-masochisme : les nouveaux regrettables « regrets » du roi des Belges...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bernard Lugan cueilli sur son blog et consacré à la crise de repentance du roi des Belges.

    Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont Histoire de l'Afrique (Ellipses, 2009), Atlas historique de l'Afrique (Rocher, 2018), Esclavage, l'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2020), Pour répondre aux « décoloniaux », aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance (L'Afrique réelle, 2021) et dernièrement Comment la France est devenue la colonie de ses colonie (L'Afrique réelle, 2022).

     

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    Congo : les nouveaux regrettables « regrets » du roi des Belges

    Le mardi 30 juin 2020, pliant à son tour sous l’air du temps, le roi des Belges avait présenté « ses plus profonds regrets pour les blessures infligées lors de la période coloniale belge au Congo ».

    Le mercredi 8 juin 2022, en visite officielle à Kinshasa, le roi Philippe a une nouvelle fois fait repentance pour « les blessures infligées au Congo durant la période coloniale ». Une repentance qui n’a pas lieu d’être. Pour trois raisons principales :

    1) En 1885 quand fut internationalement reconnu l’État indépendant du Congo (EIC), les esclavagistes musulmans venus de Zanzibar avaient franchi le fleuve Congo, dépeuplant les régions de la Lualaba, de l’Uélé, du bassin de la Lomami, et ils avançaient vers la rivière Mongala. A cette époque, les Africains étaient enlevés par dizaines de milliers pour être vendus sur le littoral de l’océan indien ou sur le marché aux esclaves de Zanzibar. De 1890 à 1896, de courageux belges menèrent alors ce qui fut à l’époque baptisé de « campagne antiesclavagiste » ou « campagne arabe ».

    A la place de ces injustifiables et répétitifs « regrets », c’est donc tout au contraire la mémoire de ces hommes généreux que le roi des Belges devrait célébrer. Parmi eux, les capitaines Francis Dhanis, Oscar Michaux, Guillaume-François van Kerckhoven, Pierre Ponthier, Alphonse Jacques, Cyriaque Gillain, Louis Napoléon Chaltin, Nicolas Tobback et bien d’autres.

    Pour avoir voulu arracher les malheureux noirs aux esclavagistes, Arthur Hodister et ses compagnons ainsi que le lieutenant Joseph Lippens et le sergent Henri De Bruyne furent massacrés. Les deux derniers eurent, alors qu’ils étaient encore vivants, les mains et les pieds coupés par les esclavagistes.

    Certains fanatiques demandent que leurs statues soient déboulonnées. Cela se fera probablement tant, outre-Quiévrain comme partout ailleurs en Europe, l’ethno-masochisme est désormais sans limites.

    2) La Belgique n’a pas pillé le Congo. Et pourtant, cette colonie fut une de celles dans lesquelles les profits privés et ceux des consortiums furent les plus importants. L’originalité du Congo belge était qu’il subvenait à ses besoins, le plan de développement décennal ainsi que les investissements étant financés par l’impôt des grandes sociétés qui était payé et investi sur place. La colonie s'autofinançait donc, un cas à peu près unique dans l’histoire coloniale de l’Afrique qui contredit à lui seul le postulat culpabilisateur.

    Mais, pour mettre en valeur cet immense territoire, il fallut commencer par y créer des voies de communication et notamment une voie ferrée reliant l’estuaire du Congo (Matadi), à la partie navigable du fleuve. En 1898, au bout de neuf années d’efforts surhumains, les 390 kilomètres de la ligne Matadi-Léopoldville furent achevés, mais 1800 travailleurs noirs et 132 cadres et contremaîtres blancs étaient morts durant les travaux. Rapportées aux effectifs engagés, les pertes des Blancs étaient 10 fois supérieures à celles des Noirs.

    En 1908, le Congo, propriété personnelle du roi Léopold II, fut repris par la Belgique. De 1908 à 1950, les dépenses engagées par Bruxelles dans sa colonie furent de 259 millions de francs-or et durant la même période, le Congo rapporta 24 millions de francs-or à l’Etat belge[1]. La Belgique n’a donc pas bâti sa richesse sur le Congo, même si des Belges y ont fait fortune, et parfois de colossales fortunes, mais ce n’est pas la même chose.

    3) Parmi toutes les puissances coloniales, la Belgique fut la seule à avoir défini un plan cohérent de développement en partant d’une réalité qui était que tout devait être fait à partir du néant. En matière d’éducation, la France et la Grande Bretagne saupoudrèrent leurs colonies d’Afrique sud-saharienne tandis que la Belgique choisit de procéder par étapes et de commencer par bien développer le primaire, puis le secondaire et enfin seulement le supérieur. Mais, pour que ce plan puisse être efficace, il lui fallait une certaine durée. Or, il fut interrompu par une indépendance précipitée et alors qu’il fallait à la Belgique au moins encore deux décennies pour le mener à son terme. Si le roi des Belges doit exprimer des « regrets », c’est donc d’avoir décolonisé trop tôt, trop vite, précipitamment, sous la pression de l’émotionnel … comme aujourd’hui !!!

    Alors, certes, et il serait historiquement mensonger de le nier, il y eut effectivement une période sombre au Congo avec une authentique politique d’exploitation fondée sur le travail forcé dénoncée dès 1899 par Joseph Conrad dans son livre « Au cœur des ténèbres ». Ce fut l’époque de la Fondation de la Couronne à laquelle le roi Léopold attribua environ 1/10° de la superficie de tout le Congo et qui perçut les revenus domaniaux des concessions. Mais ce ne fut qu’une parenthèse de quelques années qui, de plus, ne concerna que le 1/10° de l’immense Congo. A partir de 1908, le Congo rentra en effet dans l’Etat de droit et ses ressources ne servirent plus qu’à sa mise en valeur.

    Voilà pourquoi les « regrets » du roi des Belges qui sont aussi injustifiés qu’injustifiables, sont d’abord et avant tout une véritable insulte à l’Histoire. Mais également une insulte à la mémoire de ceux qui donnèrent leur vie pour combattre les esclavagistes. A la mémoire de ces fonctionnaires et de ces colons qui firent que dans le Congo belge les populations mangeaient à leur faim, étaient soignées et connaissaient la paix… A l’époque, les habitants du Kivu et de l’Ituri n’étaient ainsi pas massacrés comme aujourd’hui par des bandes armées… Une insulte à la mémoire de ceux qui firent que les services publics fonctionnaient, que les  voies de communication créées à partir du néant, tant pour ce qui était de la navigation fluviale, que des voies ferrées, des aérodromes ou des ports étaient entretenues. Quant au réseau routier, il était exceptionnellement dense, des pistes permettant de traverser le pays d’ouest en est et du nord au sud en toutes saisons. Après l’indépendance, ces voies de communication disparurent, littéralement « mangées » par la brousse ou par la forêt.

    Bernard Lugan (Blog de Bernard Lugan, 8 juin 2022)

     

    Notes :

    Pour en savoir plus, voir mon Histoire de l’Afrique des origines à nos jours pages 552-555 et 705-715

    [1] Stengers, J., (1957) « Combien le Congo a- t-il coûté à la Belgique ? » Académie Royale des Sciences Coloniales, T.XI, fasc 1, 1957, 354 pages.

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  • Le pays qui n'existe plus...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous le nouveau numéro de la Revue d'Histoire Européenne, dirigée par Laurent Berrafato. Ce trimestre le lecteur trouvera un dossier consacré à l'Algérie française, des articles variés et les rubriques régulières : actualités, interview, expositions, mémoire des lieux, portrait, histoire politique, cinéma, l’autopsie d’une bataille, l’histoire dans l’art,… 

    Il est possible de se procurer la revue en kiosque ou en ligne sur le site de la Librairie du collectionneur.

     

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    Sommaire :

    L'HISTOIRE EN ACTUALITÉ

    EXPOSITION 
    La réouverture du musée de Cluny

    Photographies de guerre

    MÉMOIRE DES LIEUX
    Belfort, la cité du Lion

    PORTRAIT Armand-Emmanuel du Plessis

    ENTRETIEN 
    Laurent Obertone

    DOSSIER
    Au temps de l'Algérie française (avec des articles de Philippe Lamarque, Paul Villatoux, Rémy Porte, Roger vétillard, Jean-Jacques Jordi, Bernard Lugan, Olivier Frèrejacques)

    CRIMES DE GUERRE OUBLIÉ
    Sicile, juillet 1943

    LA CAMPAGNE ALLEMANDE EN UKRAINE
    Été 1941

    LES ÉTRUSQUES
    Mythes et réalités d'un peuple fondateur

    HISTOIRE POLITIQUE
    Jacques Doriot et le PPF

    AUTOPSIE D'UNE BATAILLE
    La bataille de la Marfée

    UN TABLEAU, UNE HISTOIRE
    Goethe dans la campagne romaine

    L'HISTOIRE AU CINÉMA
    5 films pour un pays qui n'existe plus

    L'ABOMINABLE HISTOIRE DE FRANCE
    Une chronique iconoclaste de notre Histoire

     

     

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  • Quand la "nation arc-en-ciel" s'effondre...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bernard Lugan cueilli sur son blog et consacré à la crise diplomatique entre l'Algérie et la France.

    Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont Histoire de l'Afrique (Ellipses, 2009), Atlas historique de l'Afrique (Rocher, 2018), Esclavage, l'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2020), Pour répondre aux « décoloniaux », aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance (L'Afrique réelle, 2021) et dernièrement Comment la France est devenue la colonie de ses colonie (L'Afrique réelle, 2022).

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    Afrique du Sud :« Face à la décomposition du pays, il va bientôt falloir se décider à en rendre la direction aux Boers » !!!

    Cette proposition aussi désabusée qu’iconoclaste a été faite il y a quelques mois par un journaliste noir sud-africain. Elle illustre le naufrage d’un pays dans lequel 74 meurtres sont commis quotidiennement (moyenne 2021 selon Stats SA), où le chômage touche environ 40% des actifs, où le revenu de la tranche la plus démunie de la population est inférieur de près de 50% à celui qu’il était sous le régime blanc d’avant 1994, et où plus d’un tiers des habitants  ne survit que grâce aux aides sociales. Comment aurait-il d’ailleurs pu en être autrement dans une « nouvelle Afrique du Sud » devenue la proie de l’ANC et dont les cadres, trop souvent aussi incapables que corrompus, semblent n’avoir pour objectif que leur propre enrichissement ? 

    En bientôt trois décennies de pouvoir absolu, l'ANC qui a méthodiquement dilapidé l’immense héritage laissé par le régime blanc, a peu à peu transformé la prospère Afrique du Sud en un Etat du « tiers-monde » dérivant dans un océan de pénuries, de corruption, de misère sociale et de violences. Une réalité qui échappe aux touristes et qui est masquée par quelques secteurs ultraperformants dirigés par des Blancs ou par une poignée d’entrepreneurs noirs.

    Le désastreux bilan économique de bientôt trois décennies de pouvoir ANC tient en trois constats. 

    - Un PIB qui ne cesse de baisser (3,5% en 2011, 2,6% en 2012, 1,9% en 2013, 1,8% en 2014, 1% en 2015, 0,6% en 2016, une entrée en récession en 2017 suivie d’un léger rebond à 0,2% en 2019, puis par une chute vertigineuse de 6,4% en 2020 avant un rebond de 4,9% en 2021 qui n’efface pas le trou de 2020 (Stats Sa 8 mars 2022).

    - Des mines, premier employeur du pays, qui ont perdu près de 300.000 emplois depuis 1994. Quant aux pertes de production et de revenus, elles se conjuguent avec des coûts d’exploitation en hausse constants, cependant que les dramatiques coupures d’électricité ont eu pour conséquence la fermeture des puits secondaires et la mise à pied de dizaines de milliers de mineurs.

    - Une agriculture qui a, elle aussi, perdu plusieurs centaines de milliers d’emplois et qui a reçu un coup mortel le mardi 27 février 2018 quand le parlement sud-africain vota le commencement d’un processus de nationalisation-expropriation sans compensation des 35.000 fermiers blancs.

    Le soit disant héritage « négatif » de  «l 'apartheid » a, des années durant, servi d’excuse au système prédateur sud-africain alors qu’en 1994, quand le président De Klerk hissa au pouvoir un Nelson Mandela incapable de le prendre par la force[1], il légua à l’ANC la première économie du continent, un pays doté d’infrastructures de communication et de transport à l’égal des pays développés, un secteur financier moderne et prospère, une large indépendance énergétique, une industrie diversifiée, des capacités techniques de haut niveau et la première armée africaine. Vingt-huit ans plus tard, pris dans la nasse de leurs propres mensonges, de leurs prévarications et de leurs insuffisances, les dirigeants de l'ANC ne sont donc plus crédibles quand ils continuent à mettre en accusation le "régime d'apartheid" afin de tenter de dégager leurs responsabilités dans l’impressionnante faillite dont ils sont les seuls responsables.

    Dans ce pays où un abîme s'est creusé entre une infime minorité de profiteurs noirs et des millions de chômeurs, d’assistés et de travailleurs sous-payés qui paralysent l’économie avec de continuels mouvements de revendication, l’abyssal échec de l’ANC a débouché sur des violences xénophobes, les étrangers étant accusés de prendre le travail des plus pauvres et d’entretenir la délinquance. 

    Depuis la fin du mois de mars 2022, c’est en hurlant « Dudula », un nouveau slogan en langue zulu signifiant « refouler » ou « faire déguerpir », que la chasse aux étrangers a été lancée. Déjà, en 2008, en 2015, en 2016 et en 2019, un peu partout dans le pays, notamment au Natal et dans la région de Johannesburg, les immigrés africains qu'ils soient Malawites, Mozambicains, Somaliens, Zimbabwéens, Soudanais ou encore Nigérians avaient été pris pour cible, lynchés et leurs biens systématiquement pillés. En 2016, les violences « xénophobes » connurent une telle ampleur que le Malawi décida d'évacuer ses ressortissants et que le Mozambique demanda aux autorités sud-africaines d'assurer la protection de ses nationaux face à l’ampleur des pogroms alors encouragés par le roi des Zulu...

    Dans la « nation arc-en-ciel », au pays de l’ « icône » Nelson Mandela, des Noirs massacrent donc d'autres Noirs, et qui plus est, des Noirs immigrés... Voilà de quoi déstabiliser ceux qui pensaient qu'une fois le régime blanc balayé, les fontaines sud-africaines allaient laisser couler le lait et le miel de la fraternelle société « post-raciale »...

    Face au gouffre creusé par ses détournements et son incompétence, l’Etat-parti ANC n’a désormais plus que trois options :

    1) Chercher à redresser l’économie en empruntant une voie libérale, mais il provoquera alors une sanglante révolution populaire.

    2) Continuer à accuser le bouc-émissaire blanc en tentant de faire croire que la situation est un héritage de l’apartheid et en nationalisant les mines et la terre. La « poule aux œufs d’or » sera alors définitivement tuée, et, comme au Zimbabwe, les Blancs émigreront et le pays sombrera encore davantage dans la misère.

    3) Recourir à la « planche à billets », ce qui provoquera d’abord l’inflation, puis une hyperinflation et enfin l’achèvement de la ruine totale du pays.

    Coquille vide ayant perdu tout sens idéologique et politique, ne survivant plus que comme machine électorale destinée à distribuer des sièges de députés à ses membres, l’ANC est donc au pied du mur. L’heure de vérité approche inexorablement cependant que les masses noires, totalement paupérisées, constituent un bloc de plus en plus explosif.

    Et pourtant, décérébrés par l’auto-culpabilisation, par les glapissements des « décoloniaux » et par le « sida mental » introduit par la « culture woke » (voir à ce sujet mon livre « Pour répondre aux décoloniaux, aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la Repentance »), les chapons gras occidentaux continueront à se pâmer devant le fantasme de la « nation arc-en-ciel », ne voyant pas, futures victimes qu’ils sont, que ce qui se passe actuellement en Afrique du Sud annonce le futur apocalyptique de l’Europe « multiraciale » rêvé par les mondialistes, organisé par la « Commission de Bruxelles », et encouragé par ce pape tiers-mondiste qui ne cesse d’appeler à l’accueil des « Autres »...

    Bernard Lugan (Blog de Bernard Lugan, 12 avril 2022)

     

    Note :

    [1] Voir à ce sujet mon livre « Histoire de l’Afrique du Sud des origines à nos jours ». Editions Ellipses, 2010. Disponible en librairie.

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  • Sahel : et maintenant, que faire ?...

    Nous reproduisons ci-dessous l'éditorial de Bernard Lugan au numéro de février de sa revue L'Afrique réelle, consacré à l'échec politique de l'engagement français au Mali, et écrit avant l'expulsion de l'ambassadeur de France par les "autorités" maliennes.

    Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont Histoire de l'Afrique (Ellipses, 2009), Atlas historique de l'Afrique (Rocher, 2018), Esclavage, l'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2020), Pour répondre aux « décoloniaux », aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance (L'Afrique réelle, 2021) et Comment la France est devenue la colonie de ses colonie (L'Afrique réelle, 2022).

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    Sahel : et maintenant, que faire ?

    Au Sahel, la France s’arc-boute sur l’idéologie démocratique désormais vue en Afrique comme une forme de néocolonialisme. Résultat, après la Centrafrique, elle va être « éjectée » du Mali alors que ses soldats y tombent pour assurer la sécurité de populations abandonnées par leur propre armée... Les incessantes manifestations de Bamako, les convois français bloqués « spontanément » par des civils au Burkina Faso ou au Niger, ainsi que les déclarations enflammées de responsables politiques locaux, appellent donc à un total changement de paradigme qui doit déboucher sur un désengagement rapide.

    Le fond du problème est que le Mali, le Burkina Faso et le Niger, Etats faillis aux armées incompétentes, accusent la France de « néocolonialisme », alors que ses soldats font la guerre à leur place… Or, si guerre il y a, c’est parce que ces trois pays ont, comme je ne cesse de le dire depuis des années (voir mon livre Les guerres du Sahel des origines à nos jours), toujours refusé de prendre en compte les revendications de leurs minorités ethniques, Touareg ou Peul, sur lesquelles se sont opportunément greffés les jihadistes. C’est en effet sur les braises des quatre guerres touareg du Mali qu’ont su souffler ces derniers. Sans parler des humiliations permanentes subies par les pasteurs peul. De toute évidence, le rôle de Barkhane n’était pas de régler ces questions ethno-politiques inscrites dans plusieurs siècles d’histoire. 

    En réalité, ceux qui dénoncent la France ont choisi de le faire afin de flatter leurs opinions publiques. Nous sommes en présence d’une entreprise de défausse rendue d’autant plus facile que l’accusation de néo-colonialisme est toujours prompte à échauffer des esprits gangrenés par la rente mémorielle et encouragés par l’ethno-masochisme des élites françaises. Une situation dangereuse pour les populations locales car, de cette dénonciation de la France ne sort aucune proposition, aucune alternative, en dehors d’épanchements de bile momentanés qui font bien rire les mercenaires russes…

    Voilà donc la France devenue bouc-émissaire permettant aux élites locales qui ont systématiquement pillé leurs pays respectifs de cacher six décennies de corruption, de détournements, d’incapacité politique, en un mot d’incompétence. Regardons la réalité en face :

    - Est-ce la faute de la France si, au Mali, au Burkina Faso et au Niger, le désastre est total, si les crises alimentaires sont permanentes, si l'insécurité est généralisée et si la pauvreté atteint des niveaux sidérants ?

    - Est-ce la faute de la France si les armées locales s’enfuient devant les groupes armés après avoir pillé ceux qu’elles étaient censées protéger ?

    Face au ressentiment antifrançais, l’urgence est donc de laisser les faillis face à leurs responsabilités. D’autant plus que la « françafrique » est un fantasme, la France n’ayant, ni économiquement, ni stratégiquement, ni politiquement, de véritables intérêts dans la région. 

    Bernard Lugan (L'Afrique réelle, 1er février 2022)

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  • Comment la France est devenue la colonie de ses colonies...

    Sous couvert de sa revue L'Afrique réelle, Bernard Lugan vient de publier un essai Comment la France est devenue la colonie de ses colonie.

    Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont Histoire de l'Afrique (Ellipses, 2009), Atlas historique de l'Afrique (Rocher, 2018), Esclavage, l'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2020) et dernièrement Pour répondre aux « décoloniaux », aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance (L'Afrique réelle, 2021).

    Il est également l'auteur de deux romans avec Arnaud de Lagrange, Le safari du Kaiser (La Table ronde, 1987) et Les volontaires du Roi (réédition : Balland, 2020), ainsi que d'un récit satirique, Le Banquet des Soudards (La Nouvelle Librairie, 2020) et d'un recueil de nouvelles, Nouvelles incorrectes d'une Afrique disparue (La Nouvelle Librairie, 2021).

     

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    " Dans ses colonies, la France a construit 220 hôpitaux dans lesquels soins et médicaments étaient gratuits, 50 000 kilomètres de routes bitumées, 18 000 kilomètres de voies ferrées, 63 ports, 196 aérodromes, des centaines de barrages, de ponts, de centrales électriques, des milliers d’écoles, de dispensaires, de maternités, de conduites d’eau, de fermes modèles, de bâtiments divers, etc.
    Cette entreprise titanesque fut intégralement payée par les impôts et l’épargne des Français. Elle coûta à la France 22 % de toutes ses dépenses sur fonds publics.
    Entre 1946 et 1956, alors que la décolonisation était en marche, l’Etat français dépensa encore, pour la seule construction d’infrastructures coloniales, l’équivalent de 30,29 milliards d’euros supplémentaires.
    Quant à l’Algérie, de 1950 à 1960, elle engloutit à elle seule 20 % du budget de l’Etat Français. Des sommes colossales qui auraient pu être utilisées à moderniser la métropole.
    Et l’on ose nous parler de « pillage colonial » en « réparation » duquel, dans une volonté d’expiation de « crimes » imaginaires, les Français sont aujourd’hui sommés, non seulement d’accepter, mais plus encore, d’intégrer une déferlante migratoire qui, selon la formule parlante d’Edouard Herriot, a fait de la France la « colonie de ses colonies ».
    Remettre à l’endroit l’histoire de la colonisation était donc une nécessité afin de donner aux résistants de la pensée les arguments qui leur permettront de combattre l’entreprise de déconstruction historique à laquelle se livrent des groupes de pression aux méthodes totalitaires."
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